Préface
Je suis une adulte surdouée. Bien me direz vous. Tu dois avoir une vie passionnante, riche et bien remplie, être entourée et aimée, voir admirée.
Non.
Le surdon est pour moi un fardeau. Une plaie à vif, qui ne se referme jamais, qui ne cicatrise pas, qui me fait hurler de douleur.
A l'interieur.
Parce que à l'exterieur, qui peut le comprendre?
Qui sait qu'être surdoué, c'est avoir peur en permanence, être tout le temps insatisfait, se demander si finalement, la vie ce n'est que ça, cette succession de besoins vitaux et de batailles?
Qui sait qu'être surdoué, c'est être hypersensible, empathique à en souffrir plus que l'autre, hyperexcitable à passer pour un fou, hyperperméable?
Pas grand monde.
Oh oui, il y a bien des spécialistes, des gens formés, ouverts, mais où sont ils dans la réalité?
Pas par ici en tout cas. Pas dans la vraie vie.
Dans la vraie vie, pour les gens normaux, ceux qui ont la chance d'être dans la norme, un surdoué, c'est quelqu'un de super-intelligent, qui réussit tout, qui est une "tête".
Et c'est tout.
J'ai la chance d'avoir un mari formidable, qui écoute, essaie autant qu'il peut de comprendre ce que je ressens, tolère et accepte même mes "bizarreries, qui m'aime comme je suis (je me demande encore, 11 ans aprés notre rencontre, pourquoi il m'aime).
Heureusement.
Mais malgré tout son amour et toute sa bonne volonté, je ne peux pas tout lui dire, pour ne pas le blesser, ne pas lui faire peur, par peur de le perdre aussi, de perdre son amour.
Alors voilà la raison de ce blog, ce journal des temps modernes.
Je dois pouvoir en parler à quelqu'un, même si ce quelqu'un n'est qu'une mémoire d'ordinateur tout comme ce quelqu'un pourrait être les pages d'un cahier (trop violable à mon goût).
Je dois pouvoir vider ma tête et mon coeur, pour ne pas finir par devenir vraiment folle ou exploser sans retour possible.
Oui mais un blog peut être lu par beaucoup de monde me direz vous.
Beaucoup de monde peut être (et encore, au milieu des millions d'autres blogs, le risque est minime), mais du monde qui ne me connait pas, ne pourra pas interférer dans cette vie déjà si dure à vivre...
D'ailleurs, je ne vis pas, je survis. Je me débats, par devoir moral envers mon mari et mes 2 petites filles à qui je ne peux pas infliger le traumatisme de la perte d'une épouse ou d'une mère, avec cette culpabilité inévitable de n'avoir pas su me rendre heureuse.
Car rien n'est de leur faute. Tout est de la mienne ou plutôt de ce "don" qui n'en est pas un...
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